Lettres GéodInfo

Un réseau géodésique pour l’InSAR

Retrouvez les lettres GéodInfo d'août 2021 à juin 2025 sur la page "Lettres mensuelles GéodInfo"

Publié le 16 décembre 2025

Temps de lecture : 2 minutes

L’InSAR est une technique de télédétection satellitaire radar qui permet de mesurer, avec une précision millimétrique, les déformations du sol ou des ouvrages (bâtiments, ponts, voies ferrées, etc.) en comparant des images radar acquises à différents moments. Il bénéficie des données gratuites du programme européen Copernicus et de ses satellites Sentinel-1 qui offrent une couverture complète du territoire français tous les 6 à 12 jours. L’InSAR est ainsi devenu un outil pour le suivi régulier des déplacements du sol, utilisé à des fins opérationnelles par le service EGMS (European Ground Motion Service).

Site GNSS/InSAR SION (CERN)
Antenne GNSS et deux coins-réflecteurs radar constituant un site colocalisé GNSS et InSAR, sous les derniers rayons du soleil couchant. Les CR sont orientés sur deux orbites Sentinel-1, ascendante et descendante
Source : IGN

L’IGN engage une infrastructure de référence pour l’InSAR

Pour exploiter pleinement ce potentiel, le Service de Géodésie et de Métrologie (SGM) a engagé l’expérimentation d’une infrastructure composée de points de référence radar fiables : des coins-réflecteurs (CR) installés sur des stations du Réseau GNSS Permanent (RGP) offrent la possibilité de comparer directement les déplacements mesurés en InSAR avec ceux déterminés par les mesures GNSS. La connexion mécanique garantit que le CR et l'antenne GNSS partagent exactement les mêmes mouvements, éliminant ainsi les incertitudes liées à de potentiels mouvements distincts des deux instruments.

Rattachement altimétrique
Les CR ont été rattachés à l’antenne GNSS par nivellement de précision. Cette opération permet de définir la dénivelée relative du centre de phase des CR avec le point de référence de l’antenne GNSS (ARP) et d’assurer un suivi métrologique du site.
Source : CERN

Valider et calibrer l’InSAR grâce aux stations GNSS dédiées

Disposer de points stables et bien caractérisés est essentiel pour qualifier les produits InSAR. Cet aspect est d’autant plus crucial que l’utilisation actuelle de cette nouvelle technologie souffre souvent d’un manque de ce type de contrôles, ce qui peut limiter la validation rigoureuse des données obtenues.

La colocalisation d’un CR avec une antenne GNSS assure une calibration des données InSAR fiable grâce à la maîtrise des mesures du RGP, acquise de longue date : la précision locale du traitement InSAR est ainsi renforcée.

Ainsi calibrés, les produits InSAR sont directement rattachés au système de référence géodésique légal, ce qui facilite l’interprétation des résultats obtenus.

Site GNSS/InSAR SION (CERN)
Antenne GNSS et deux coins-réflecteurs radar constituant un site colocalisé GNSS et InSAR, sous les premières neiges. Les CR sont orientés sur deux orbites Sentinel-1, ascendante et descendante.
Source : IGN

Une infrastructure géodésique déployée avec des partenaires

Le lancement du dispositif a été réalisé en 2025 avec l’installation de deux premières stations GNSS-InSAR : l’une au marégraphe de Cherbourg déjà équipé d’une station GNSS permanente et l’autre au CERN, en Haute-Savoie, destiné à accueillir une station GNSS qui sera prochainement intégrée au RGP. Elles posent les fondations d’une méthodologie garantissant des points de contrôle fiables et cohérents avec le système légal. Le déploiement se poursuivra dans les années à venir, au gré des collaborations, en s’appuyant sur des projets ciblés en fonction de leur intérêt et de la faisabilité technique.

 

Fabien Bergerault

Thomas Donal

Pour aller plus loin...

SONEL, partenaire du déploiement GNSS-InSAR

Le service national SONEL (Système d’Observation du Niveau des Eaux Littorales), auquel participe l’IGN, vise à fournir des observations de haute précision du niveau de la mer. Ses acteurs envisagent à présent l’utilisation de l’InSAR pour renforcer le service. A l’aide de sa résolution temporelle, il pourra notamment servir à contrôler la stabilité des repères altimétriques du réseau local autour des marégraphes et à augmenter spatialement les données GNSS proches des marégraphes, le long des côtes, pour évaluer les risques d’inondation des infrastructures côtières.

Après l’installation de Cherbourg en juillet 2025, trois autres sites (Dunkerque, Toulon, Arcachon) devraient suivre en 2026.

Au CERN, un réseau géodésique et InSAR intégré

Dans le cadre de la construction de son nouvel accélérateur de particules, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire a besoin d’un réseau géodésique de haute précision pour établir un système de référence. L’IGN est en charge de son installation qui comprend sept piliers géodésiques et une station GNSS permanente.

Le CERN utilise déjà l’InSAR pour renforcer la surveillance de la stabilité du site et, en novembre 2025, le SGM a installé la station GNSS permanente en l’équipant d’un CR ; elle sera ainsi le point de référence géodésique majeur dédié à l’InSAR.

Mis à jour 16/12/2025

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