Surface de référence des altitudes normales (ou surface d’altitude normale nulle). On obtient la hauteur du quasi-géoïde#g au-dessus de l’ellipsoïde en soustrayant l’altitude normale de la hauteur au-dessus de l’ellipsoïde
Source : "Le modèle de quasi-géoïde français QGF96 et la surface de référence d'altitude RAF96" par H. Duquenne, Janvier 1997, ESGT/IGN
En plus de l'ellipsoïde, qui est un modèle mathématique de la Terre, la géodésie traite de surfaces de référence liées au champ de pesanteur : le géoïde, le quasi-géoïde#g et leurs différentes réalisations.
figure 1 : Hauteur du géoïde et altitude orthométrique
Le géoïde est la surface du potentiel de pesanteur terrestre qui coïncide au mieux avec le niveau moyen de la mer. Si on appelle W le potentiel et W0 le potentiel sur le géoïde, le géoïde est caractérisé par l'équation : W = W0.
Cette équation définit idéalement le géoïde mais ne le réalise pas pour autant : elle ne peut pas définir la forme du géoïde dans un système de référence géodésique donné.
La position du géoïde dans l'espace s'exprime au moyen de sa hauteur N au-dessus d'un ellipsoïde de référence géodésique (figure 1). Avec une très bonne approximation, N est la différence entre la hauteur ellipsoïdale h (comptée le long de la normale à l'ellipsoïde) et l'altitude orthométrique H0(comptée le long de la ligne de force du champ) : N = h - H0.
Pour définir le quasi-géoïde#g (figure 2), l'ellipsoïde est considéré comme une surface équipotentielle d'un modèle de champ appelé champ normal et noté U. Par convention, le potentiel normal sur l'ellipsoïde est égal au potentiel réel sur le géoïde, ce qui est décrit par la relation : UQ0 = W0.
figure 2 : Quasi-géoïde#g et anomalie d'altitude
Par tout point M passe une surface équipotentielle du champ réel, d'équation W= WM.
La surface de potentiel normal U égal au potentiel réel de M est appelée surface "sphéropotentielle" de M. Le point Q est l'intersection de la ligne de force du champ avec la sphéropotentielle.
Hnm est l'altitude normale du point M : c'est la distance entre l'ellipsoïde (en Q(0) et la surface sphéropotentielle (en Q).
L'anomalie d'altitude ζ est le concept qui, dans la théorie moderne, remplace la hauteur du géoïde : c'est la distance entre la surface sphéropotentielle et la surface équipotentielle de M ; c'est aussi la hauteur du quasi-géoïde#g au dessus de l'ellipsoïde, ce qui définit le quasi-géoïde#g. On a ainsi la relation : ζ = h - Hn.
Le quasi-géoïde#g QGF98 (ellipsoïde de référence IAG-GRS80)
II existe plusieurs méthodes pour réaliser le géoïde :
Une réalisation numérique du géoïde ou du quasi-géoïde#g dépend du système de référence géodésique sous-jacent, des données utilisées (types, exactitude, précision, étendue géographique, etc.), et des méthodes de traitement mises en oeuvre. Il en résulte que, pour une réalisation donnée, il existe des spécifications d'utilisation bien précises.
Par exemple, il n'est pas licite d'utiliser sans précaution un géoïde gravimétrique ou un modèle global de champ pour convertir des hauteurs ellipsoïdales en altitudes. C'est la raison pour laquelle, dans le cadre des travaux réalisés par Henri Duquenne, deux réalisations distinctes sont présentées ci-dessous :
Les méthodes de réalisation du quasi-géoïde#g sont très proches, dans leur principe, de celles décrites pour le géoïde. Il faut cependant noter que, théoriquement, il est possible de calculer exactement l'anomalie d'altitude et, donc, le quasi-géoïde#g, sans hypothèses sur la masse volumique de la croûte. Il n'en est pas de même pour le géoïde, pour lequel la réduction des mesures au niveau zéro et le retrait du terrain sont nécessaires.
D'un point de vue pratique, un géoïde s'adapte mieux aux besoins d'un pays dont le type d'altitude est orthométrique. Le quasi-géoïde#g est plus intéressant si le type d'altitude est normal, comme c'est le cas en France.
Ces traitements permettent l'évaluation de la précision du géoïde gravimétrique par comparaison aux points géodésiques et la réalisation de grilles de conversion des hauteurs ellipsoïdales en altitudes.
Le tableau ci-contre fait l'inventaire des principales sources d'écarts entre une réalisation gravimétrique du quasi-géoïde#g telle que QGF98 et une référence d'altitude matérialisée par un ensemble de points spatiaux nivelés.
La seconde colonne indique un ordre de grandeur de la longueur d'onde (pour les erreurs périodiques) ou de la distance de corrélation (pour les erreurs aléatoires). Celle-ci est la distance pour laquelle la covariance entre écarts relatifs à deux points est égale à la moitié de la variance de l'écart. Si cette distance est significativement plus petite que la distance moyenne entre les points, la corrélation des écarts entre points voisins est faible.
Ces longueurs d'onde ou distances de corrélation sont importantes car certaines causes d'écarts ont une signature particulière : par exemple, les fautes de rattachement altimétrique (hauteur d'antenne GPS au dessus d'un repère...) ont une distance de covariance nulle, ce qui permet de les séparer des autres sources d'écarts.
Il est possible de modéliser les écarts dont la longueur d'onde ou la distance de corrélation est nettement plus grande que la taille de la zone d'étude (1000 kilomètres, dans notre cas) par une régression linéaire, avec :
On obtient la relation d'observation :
a + b (φ - φ0 ) + c (λ - λ0 ) cosφ - (ζ1 - ζ) = v
la fonction linéaire a + b (φ - φ0 ) + c (λ - λ0 ) cosφ modélise :
Les résidus représentent la partie à courte longueur d'onde des erreurs du modèle de champ, ainsi que les parties à courte distance de corrélation ou non corrélées des autres erreurs.
Figure 3 : Régression linéaire.
Le processus de régression s'accompagne d'une détection des fautes participant à la validation du RBF. En effet, un déplacement fortuit de repère de nivellement ou une faute de mesure entraîne sur le point en cause un résidu non-corrélé avec ceux des points voisins.
Un exemple complexe, apparu lors de la comparaison du QGF96 (le prédécesseur du QGF98) dans la région de Toulon, est donné figure 3 : des résidus positifs sont manifestement corrélés, (probablement dus à un défaut important de la gravimétrie en mer) et un résidu négatif est isolé (correspondant vraisemblablement à une faute).
L'écart-type des résidus est un indicateur global de précision du quasi-géoïde#g et de l'altimétrie du réseau géodésique (nivellement et GPS), sans qu'il soit possible de distinguer entre les différentes sources d'erreurs.
Tableau 1 : Cause d'écarts entre quasi-géoïde#g et référence d'altitude réalisée par un réseau
Comme le laisse prévoir le tableau 1 et comme peut le confirmer la représentation en courbe de niveau, les résidus présentent une distance de covariance assez courte. Ils sont en fait les témoins de systématismes locaux qu'il est nécessaire de gommer pour utiliser le quasi-géoïde#g comme référence d'altitude dans des opérations de nivellement par GPS. On propose donc de corriger le quasi-géoïde#g gravimétrique de la tendance générale estimée à travers les paramètres a, b, c de la régression linéaire, et d'une correction résiduelle provenant de l'interpolation par collocation des résidus.
Cette méthode très empirique ne fait qu'exploiter au mieux les propriétés statistiques des résidus, sans préjuger de leurs causes. Elle est cependant efficace si le géoïde gravimétrique est localement précis. Après la régression linéaire et le calcul des résidus, trois étapes sont nécessaires pour réaliser la grille de référence d'altitude :
Représentation en courbes de niveaux de RAF20
L'adaptation suivant cette méthode du quasi-géoïde#g QGF16 (calculé par le SGM en 2016) aux points GPS nivelés (altitudes exprimées dans le NGF-IGN69) a permis de produire des surfaces de conversion des altitudes pour la France Métropolitaine continentale. La plus récente est RAF20 (Références des Altitudes Françaises 2020) qui fait suite aux grilles RAF18 et RAF18b. Cette surface de conversion est intégrée au logiciel Circé Service Public.
A Saint-Pierre-et-Miquelon, l'adaptation du géoïde canadien#g CGG2013a (Canadian Gravimetric Geoid 2013 version a) aux points GPS nivelés a permis de produire la surface de conversion des altitudes RASPM2018, intégrée au logiciel Circé Service Public.
Aux Antilles Françaises, l'adaptation du quasi-géoïde#g QGAF2015 aux points GPS nivelés a permis de produire des surfaces de conversion des altitudes pour la Martinique et pour chacune des îles de l'archipel de Guadeloup, surfaces intégrées au logiciel Circé Service Public.
Sur l'île de la Réunion, l'adaptation du quasi-géoïde#g QGGR06 aux points GPS nivelés a permis de produire la surface de conversion des altitudes RAR07, intégrée au logiciel Circé Service Public.
Descriptif technique du quasi-géoïde QGF16 (pour la France métropolitaine continentale)
Descriptif technique de la surface de conversion RAF20 (pour la France métropolitaine continentale)
Descriptif technique du quasi-géoïde#x QGGR06 pour la Réunion
Mis à jour le 17/11/2022